Une jeune femme est venue me voir récemment. Elle venait d’avoir son premier enfant et se sentait complètement perdue, incompétente, seule. De nombreuses peurs l’envahissaient.

Allait-elle être capable de s’occuper de ce petit être si fragile, allait-elle avoir assez de patience, était-elle suffisamment maternelle?

Elle se posait aussi beaucoup de questions:

Comment m’organiser au quotidien?

Comment ne pas me laisser déborder?

Comment ne pas me laisser envahir par le stress, s’il pleure?

Et si je n’en peux plus, à qui pourrais-je faire confiance autour de moi?

Tous ces questionnements et ces inquiétudes sont normales après l’arrivée d’un premier enfant, car il est vrai que l’on ne s’imagine pas parfois les bouleversements qu’une naissance peut provoquer chez certaines personnes en fonction de leur propre histoire, de l’enfance qu’ils ont eux-mêmes vécu.

Une autre mère arrive et se plaint de devoir souvent crier, se mettre en colère sur ses enfants. Elle aimerait pouvoir faire autrement mais n’y parvient vraiment pas.

Une troisième, se met à pleurer en me confiant à quel point elle ne s’en sort pas avec ses 3 petits bouts de 3,5 ans, 2 ans et 6 mois. « C’est tellement difficile », « je n’en peux plus », me dit-elle,  » je suis au bord de l’épuisement, en plus mon mari n’est pas très souvent là, je dois donc gérer beaucoup toute seule. »

Une dernière encore, a beaucoup de difficultés à concilier vie professionnelle et vie familiale.

Elle se réveille le matin stressée, n’arrête pas de dire à ses enfants de se dépêcher, rentre tard le soir, tout le monde est énervé, et bien sûr, la journée se termine par des cris, des pleurs.

Chaque journée devient alors un combat, une lutte incessante.

Je suis vraiment touchée d’entendre ces témoignages de mamans qui ressentent de telles difficultés dans leur quotidien avec leurs enfants, car je peux vraiment sentir à quel point certaines parts d’elles-mêmes sont en souffrance, sachant aussi qu’il y a aussi d’autres parts en elles qui sont très heureuses d’être maman évidemment.

Comment les accompagner au mieux, tout en entendant à la fois leur désarroi, leurs profondes tristesses, leurs colères, leurs peurs, leurs angoisses et par la suite, leur permettre d’accéder à  un autre état d’esprit, sortir de ces pensées négatives qui les emprisonnent et surtout ne leur permettent pas de voir le bout du tunnel.

Mais, que se passe t-il dans le cerveau?

Trois zones principales:

Le reptilien:

Cette partie de notre cerveau est la plus archaïque, mature à la naissance et inconsciente.

Elle gère tout ce qui est survie individuelle de l’espèce. C’est aussi cette partie qui gère tout nos automatismes, à savoir respirer, la faim, la soif.

Il est également le siège du stress, et va alors provoquer l’état de fuite (s’enfuir), de lutte (colère), ou inhibition (tristesse, abattement).

 

Le cerveau limbique:

On pourrait dire que ce territoire est un peu comme notre disque dur.

Vierge à la naissance, il se construit en fonction de tout notre vécu, nos apprentissages, notre environnement.

Il est  aussi le siège de nos émotions.

C’est donc dans ce cerveau que nous restons souvent « bloqués » face à des situations complexes, ou encore que nous ne parvenons pas à changer certains de nos comportements car ce cerveau fonctionne bien pour tout ce qui est connu. Il est assez rigide, aime la routine, les certitudes. Nos pensées dans ce cerveau sont aussi très binaires : « on voit les choses en blanc, ou en noir, mais jamais en gris ».

Le Prefrontal:

C’est un territoire cérébral inconscient propre à l’espèce humaine.

Il est en formation progressive depuis la naissance jusqu’à l’âge adulte (environ 25 ans).Très souple et adaptatif, il permet l’accès à la logique, à la nuance, à l’intuition et tend à faire baisser le stress. Il facilite la prise de recul et permet une meilleure adaptation.

En bref, c’est la « rolls » de nos cerveaux, le plus intelligent et surtout celui qui nous permettra de voir la vie avec d’autres lunettes, un autre regard.

Il serait donc utile de s’entraîner, faire un peu de gymnastique du cerveau pour réussir à prendre du recul par rapport à certaines situations, afin de sortir de notre cerveau émotionnel ( cerveau limbique) qui parfois nous enferme dans des ruminations, des peurs, ou différentes émotions qui nous bloquent complètement. Ce serait tellement bien de pouvoir accéder de façon plus naturelle à notre  cerveau préfrontal, celui qui arrive à tout gérer….

Je m’explique:

Quand je suis à l’écoute de ces mamans qui me parlent de ces parts d’elles-mêmes qui ont peur, qui sont tristes, ou en colère et que je peux les reconnaître, elles s’apaisent, car elles se sentent enfin comprises, reconnues et entendues. Je pourrai dire que j’ai reconnu leur état de stress (en fuite, lutte, ou inhibition), et le simple fait de le reconnaître va les apaiser.

Ensuite, au niveau limbique, on va être dans les croyances:

« avec mes enfants, je dois toujours crier »,  » Il n’y a qu’avec les cris qu’ils comprennent »!

J’y arriverai jamais », j’ai peur de ne pas être une bonne mère »,  » je me sens vraiment pas entourée »,  » je me déteste quand je crie sur mes enfants », “c’est vraiment super dur avec les 3, j’en peux plus »,  » que va penser mon mari, ma mère, ma copine….de moi? »

Alors qu’avec le préfrontal, tout est possible.

Le travail à effectuer serait par exemple de poser différentes questions pour amener la personne dans d’autres dimensions  et la sortir de cette vision qu’elle a d’elle-même ou de son environnement:

“Qu’est-ce qui ferait que vous puissiez vous sentir rassurée?

Que pourriez-vous mettre en place pour pouvoir mieux vous organiser?

Qu’est ce qui vous semble facilement réalisable?

 » Et si vous pouviez explorer, découvrir comment font les autres? »

En se posant aussi les questions : « Est-ce si grave? »,  » quand penserais-je dans 10 ans? »

« Que pourrais-je penser d’autre? », cela permet de relativiser.

« Quelles solutions pourriez-vous trouver ?, il y a bien des moments ou vous-vous êtes sentie calme, sereine, pourriez-vous vous y reconnecter?….

En amenant les personnes à se questionner différemment, cela leur ouvre vraiment des portes, leur permet de prendre conscience des mécanismes dans lesquels elles sont restées bloquées pendant toutes ces années, en raison souvent de leur éducation, de leurs croyances.

En travaillant donc avec elles sur ces différentes émotions, elles parviennent peu à peu, à leur propre rythme à lâcher – prise et à accéder à un certain niveau de sérénité encore jamais atteint jusque-là.

Ainsi la maman qui stressait avec son 1er enfant a pu abandonner certaines de ses peurs et appréhender son rôle de maman beaucoup plus positivement.

Celle qui criait tout le temps sur ses enfants a découvert qu’ en prenant conscience de la colère qui l’envahissait, en pouvant regarder cette part d’elle qui est en colère et comprendre quel est son besoin, elle parviendrait de mieux en mieux à la maîtriser.

Quand à celle qui pleurait car elle se sentait au bord de l’épuisement à cause de ses 3 petits enfants, elle a pu après quelques séances trouver des solutions en diminuant un peu son niveau d’exigences, et en faisant appel à quelques personnes ressources pour la soulager.

J’encourage donc un maximum de parents à parler de leurs difficultés, de leurs questionnements.

Il n’y a pas de honte, ni de tabou à avoir, au contraire, le fait de pouvoir en discuter avec une tièrce personne neutre  permettra certainement de trouver des solutions.